Nous avons sélectionné les 21 patients avec une atteinte digestive du purpura rhumatoïde issus de la cohorte de Trouillier et al. bbib0015">[1]. Nous avons étendu à décembre 2014 le suivi de ces patients qui s’arrêtait initialement en 2007. La gravité de l’atteinte digestive avait été déterminée selon un score clinique en 3 niveaux. Pour chaque niveau de gravité, nous avons déterminé les patients qui avaient ou non bénéficié d’un traitement par corticoïdes. Nous avons de manière rétrospective étudié les dossiers médicaux et contacté chaque médecin traitant et patient quand cela était possible pour recueillir des données cliniques sur l’évolution (récidive rénale, cutanée et articulaire mais également le développement d’une hypertension artérielle). Nous avons également cherché à savoir si le fait d’avoir reçu un traitement par corticoïdes pouvait influencer ces paramètres. De plus nous avons adapté à notre série le score développé par Mohey et al. qui pronostique le risque de décès ou de dialyse en fonction du temps.
Les groupes avec atteinte digestive peu sévère (4 patients) et moyennement sévère (3 patients) n’ont développé aucune récidive et ont été traités par corticoïdes dans 75 % et 66 % des cas respectivement. Dans le groupe avec une atteinte digestive sévère, 77 % des patients ont reçu des corticoïdes et une seule rechute a eu lieu dans les deux ans chez un patient traité (cutanée résolutive avec du repos). On constate une atteinte rénale initiale proportionnelle à la sévérité de l’atteinte digestive allant de 25 % dans le groupe avec une atteinte digestive peu sévère contre 43 % dans le groupe avec atteinte digestive sévère. Parmi les 3 patients avec une atteinte digestive sévère qui n’ont pas bénéficié du traitement, 2 sont décédés respectivement en 2010 et 2011. Concernant le paramètre tensionnel, dans les groupes à atteinte digestive faible et moyenne, aucun patient n’a développé d’hypertension dans les suites de l’épisode de purpura rhumatoïde et ce indépendamment du fait d’avoir reçu un traitement par corticoïdes. Dans le groupe avec atteinte digestive sévère, 7 patients traités ont développé une hypertension dans les suites de l’épisode, et 2 patients non traités, antérieurement hypertendus, ont vu leurs traitements antihypertenseur majoré.
L’emploi des corticoïdes dans plus de 2/3 des cas dans cette série semble limiter la récidive étant donnée qu’une seule, cutanée, est survenue. Cette tendance se dégage d’une méta-analyse portant sur une population d’enfant. Dans notre série, la sévérité de l’atteinte digestive initiale semble corrélée à l’atteinte rénale initiale au diagnostic évaluée sur une protéinurie supérieure à 1 g/24 h mais de manière non significative (p > 0,05) et à plus long terme à l’apparition d’une hypertension artérielle. La littérature est sur ce point équivoque : Kang et al. dans une population d’adultes et d’enfants ne considèrent pas que l’atteinte digestive initiale est un facteur de mauvais pronostic sur le développement d’une insuffisance rénale tandis que De Almeida et al. dans une population composée d’adolescents démontrent que la sévérité de l’atteinte digestive initiale est liée au pronostic rénal. Les principaux critères prédictifs d’insuffisance rénale terminale et de dialyse voire de décès sont une protéinurie initiale supérieure à 1 g/24 h ainsi qu’une hypertension artérielle. Ces deux éléments entrent dans le score développé par Mohey et al. bbib0020">[2], qui appliqué à notre population, nous donne une tendance similaire. Nos deux patients les plus sévères initialement sont décédés précocement. Enfin, une tendance se dégage concernant la survenue d’une hypertension dans le suivi : elle semble apparaître indépendamment de l’utilisation des corticoïdes dans le groupe avec atteinte digestive sévère bien que non significative du fait de l’effectif réduit. Cette donnée est confirmée dans la littérature dans les populations d’adultes.
Malgré des biais inhérents à notre méthodologie, l’utilisation des corticoïdes dans le purpura rhumatoïde avec atteinte digestive sévère semble efficace pour contrôler les symptômes et bénéfique sur le risque de récidive. En revanche, il ne semble pas y avoir d’effet sur le pronostic rénal à long terme et l’apparition d’une hypertension artérielle.