Sur 54 patients opérés entre janvier 2010 et novembre 2013, nous avons revu personnellement 32 patients. L’âge moyen était de 64 ans lors de la chirurgie avec un suivis moyen de 39 mois.
Les patients ont bénéficié du bilan suivant : évaluation de l’étanchéité de la réparation par échographie, radiographie, scores fonctionnels pré et postopératoires (score de Constant, UCLA Function Score, SST, SSV), examen clinique pré et postopératoire avec testing de la coiffe et mesure de la force en abduction, élévation et rotation externe. Pour cette technique, appelée « double layer lasso loop », 2 ou 3 ancres médiales sont placées quelques millimètres latéralement par rapport à la jonction os-cartilage. Avec le premier brin, on réalise un lasso loop sur le feuillet profond, ce même brin est ensuite passé à travers le feuillet superficiel. Le second brin est passé un peu plus médialement à travers les deux feuillets. Les fils sont ensuite noués. On place ensuite une ancre « knotless » environ 1,5 cm latéralement par rapport à la grosse tubérosité et on réalise une suture-bridge avec les fils des ancres médiales.
Sur les 32 patients opérés, 1 seul a présenté une rupture complète itérative (3,1 %). Cinq patients ont présenté une rupture partielle (15,6 %). Le score de constant est passé de 55 en préopératoire à 82 en postopératoire (p > 0,001). Le score UCLA est passé de 6,4 à 9,3 (p > 0,001). Nous avons constaté une amélioration de la force et de la douleur pour les tests suivants : Jobe, Bear Hug Test, Belly Press Test, Lift Off, Test rotation externe (p > 0,001). Nous n’avons pas retrouvé de différence significative en comparant la force en abduction côté opéré versus côté sain.
Dans les ruptures délaminées, le feuillet profond est souvent plus rétracté que le superficiel. L’utilisation du lasso loop sur le feuillet profond permet un meilleur « grip » du tendon. Le feuillet profond tire sur le feuillet superficiel facilitant la réduction, le feuillet superficiel est soumis à une tension moindre. Les feuillets profonds et superficiels sont réinsérés de manière anatomique sur le footprint, cela permet une meilleure guérison de la coiffe. Cette technique améliore significativement la douleur et la fonction de l’épaule du patient. Sur les 32 patients, 1 seul avait une rupture complète (3,1 %) et 5 ont présenté une rupture partielle (15,6 %). Huit études sur les réparations arthroscopiques de la coiffe ont montré un taux de re-rupture allant de 11,4 à 94 %. Cependant, ces études diffèrent par leur population et le contrôle de l’étanchéité (IRM, arthroscanner ou échographie). En abduction, nous n’avons pas observé de différence significative entre la force développée par l’épaule opérée et l’épaule controlatérale. On peut considérer que nos patients récupèrent une abduction normale. Notre étude est limitée par le faible nombre de patients. Il serait intéressant de réaliser une étude biomécanique en laboratoire pour évaluer la résistance de ce type de réparation.
Cette technique permet une réinsertion anatomique des deux feuillets, le lasso loop sur feuillet profond tire sur le feuillet superficiel facilitant ainsi sa réduction. L’absence de n ?ud entre les deux feuillets optimise le contact entre ceux-ci. La technique « double layer lasso loop » est efficace pour la réparation des ruptures délaminées de la coiffe postéro-supérieure. À 3 ans de recul, le taux de re-rupture est faible. En postopératoire, les patients récupèrent une force en abduction normale et une élévation très proche de celle du côté controlatéral non opéré. Les résultats en termes de fonction, de douleurs et de satisfaction des patients sont excellents et superposables à ceux retrouvés dans la littérature.