Si un des objectifs de cette évaluation est de repérer les patients pour lesquels il existe une contre-indication psychiatrique absolue, dans la plupart des cas, il convient surtout d’identifier et de prendre en charge précocement les troubles psychiatriques et psychopathologiques pouvant constituer des contre-indications temporaires, car ils peuvent être des facteurs de risque de moins bonne évolution postopératoire s’ils ne sont pas pris en charge. En expliquant au patient l’impact potentiellement délétère de certains troubles sur l’évolution postopératoire et en lui expliquant le bénéfice qu’il pourra retirer de leur prise en charge, le patient pourra développer une plus grande motivation pour les soins et il pourra solliciter plus facilement les professionnels de santé. Dans tous les cas, il est important d’effectuer également un examen de la personnalité du patient et de ses capacités de compréhension avant de prendre la décision chirurgicale, car il est nécessaire de s’assurer avant l’intervention que le patient soit capable d’être observant sur le long cours vis-à-vis des consignes de suivi postopératoire. En complément de l’évaluation clinique de ces troubles, la passation d’autoquestionnaires avant la consultation peut être utile pour orienter l’entretien clinique vers les dimensions à explorer plus en détails.
Les troubles psychiatriques et les addictions sont fréquents dans cette population (troubles dépressifs, troubles anxieux, hyperphagie boulimique, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, addictions, troubles de la personnalité, dimensions et traits de personnalité pathologiques) et ils peuvent être associés à une moins bonne évolution postopératoire (survenue de troubles psychiatriques, altération de la qualité de vie mais aussi parfois moindre perte de poids ou reprise excessive de poids à long terme en cas de trouble postopératoire). Une formation complémentaire en addictologie est utile du fait de la vulnérabilité de ces patients aux addictions.
Cette consultation étant souvent l’occasion pour le patient d’une première rencontre avec un psychiatre, une approche empathique et motivationnelle est utile ; de plus, ce type d’approche permet de favoriser le recours ultérieur à cette consultation.
Plusieurs conditions permettent d’effectuer un bilan de qualité : les objectifs et attentes de l’évaluation doivent avoir été explicités au patient avant la consultation par le médecin demandeur (afin que le patient puisse bien comprendre quels bénéfices éventuels il pourrait retirer d’une prise en charge psychiatrique ou addictologique) ; cette consultation nécessite du temps ; le psychiatre doit être membre de l’équipe pluridisciplinaire et être présent au cours des réunions multidisciplinaires pour échanger avec les autres membres de l’équipe ; le patient doit pouvoir être reçu seul en consultation pour évaluer sa motivation intrinsèque à l’opération.
Après la consultation, les contacts sont systématiques avec le médecin demandeur, à la fois via un courrier détaillant les conclusions de l’évaluation et via la participation aux réunions de concertation pluridisciplinaires.