Les fiches de données de sécurité des 6 produits utilisés ont été analysées. L’évaluation du danger a mis en évidence une substance CMR, le styrène (no CAS 100-42-5).
Afin de quantifier les expositions, une biométrologie urinaire par dosage combiné des acides mandélique (AM) et phénylglyoxylique (PG) a été proposée aux 3 salariés exposés. Les prélèvements ont été réalisés sur place en fin de poste immédiat par l’infirmière du service de santé au travail (SST).
Le styrène est présent à des concentrations de 25 à 60 % dans 4 des 6 mélanges utilisés.
L’exposition est quotidienne. Les dosages urinaires des 3 salariés exposés ont montré des concentrations AM + PG égales à 25,5, 32 et 578 mg/g de créatinine.
Le styrène est classé cancérogène de catégorie 2B par le CIRC. L’absorption du styrène est essentiellement respiratoire et son absorption cutanée de l’ordre de 5 %. Le dosage combiné AM + PG en fin de semaine et fin de poste de travail reflète l’exposition des 2 jours précédents. La valeur de référence établie par l’ACGIH est de 400 mg/g de créatinine. La valeur limite recommandée par l’ANSES est de 600 mg/g de créatinine en fin de poste et fin de semaine.
Aucun des salariés n’a consommé d’alcool le jour du prélèvement. Il n’y a pas de co-exposition à d’autres solvants ni de prises médicamenteuses connues chez ces salariés.
Sur les 3 dosages urinaires effectués, 2 sont inférieurs au 1/10 des valeurs de référence. Les 2 salariés travaillent sur des postes avec aspiration localisée et portent des équipements de protection individuels (EPI) : masques à cartouche neuve de type FFA1P2 et gants vinyle.
Le 3e dosage est supérieur à la valeur de l’ACGIH mais très légèrement inférieur à celle de l’ANSES. Le salarié travaille sans masque, avec des gants neufs et à distance d’une aspiration, ce qui explique la valeur retrouvée.
Ce travail a permis de montrer aux salariés l’efficacité des aspirations et du port des EPI dans cette exposition au styrène.
Des dosages urinaires de contrôle sont proposés à l’entreprise afin de l’accompagner dans sa maitrise du risque chimique. Les difficultés du suivi sont d’ordre organisationnel : nécessité d’envoyer une infirmière du SST dans l’entreprise pour les prélèvements, contraintes horaires (fin de poste) et logistiques (envoi des échantillons au laboratoire).